Le colza : une plante qui ne manque pas d'atouts
Le colza : des champs jaune citron dans le paysage au printemps
Le colza (Brassica napus L., syn. Brassica napus subsp napus) est une plante herbacée annuelle de la famille des Brassicacées (Crucifères), et qui peut atteindre 1 mètre de hauteur. En période de floraison, soit en avril-mai, il forme de vastes champs jaune vif dans les régions où il est cultivé, c'est-à-dire essentiellement, en France, dans la moitié nord du pays (le colza a besoin d'hivers marqués : on ne le rencontre pas sous les climats doux). Les fleurs laissent place à des siliques qui contiennent des graines riches en huile (40-45%), récoltées en juillet, une fois sèches.
Le colza est une plante qui a tendance à s'échapper des champs, ou à y repousser, même plusieurs années après (les graines conservent leurs aptitudes germinatives pendant plus de 10 ans). On rencontre donc souvent du colza le long des chemins et des routes, en bordure de champs, au milieu d'autres cultures ou même dans les jardins, en zone agricole.
Le colza, un hybride naturel
Quand on parle d'hybride, on a souvent cette image de "plantes trafiquées". Or, il existe des hybrides naturels, apparus il y a des millénaires, dont certains sont sauvages, d'autres cultivés : le colza fait partie de ceux-là. Le colza est en effet un hybride de deux Brassicacées : Brassica rapa (espèce qui regroupe le navet, la navette, les choux de Chine) et Brassica oleracea (espèce qui regroupe la plupart des choux potagers). On ignore si cette hybridation spontanée a eu lieu dans la nature ou dans un potager, mais on la situe entre 2000 et 50 av. J-C.
A noter que le rutabaga et tous les choux-navets sont des cousins germains du colza : ils appartiennent à la même espèce, mais représentent une variété (on parle plutôt dans ce cas de sub-espèce) différente, Brassica napus subsp. rapifera, sélectionnée par l'homme au fil des siècles pour sa racine plutôt que pour ses graines.
Huile, agrocarburant, fourrage... les utilisations du colza
Le colza est principalement cultivé pour l'huile que l'on tire de ses graines. Celle-ci est destinée à l'alimentation humaine (avec l'huile de tournesol et l'huile d'olive, c'est l'une des principales huiles alimentaires produites en France), comme huile de table ou pour l'élaboration de produits alimentaires industriels (biscuits, etc.).
L'huile de colza est riche en acides gras polyinsaturés (oméga 6 et oméga 3). Les oméga 3 sont dénaturés par les hautes températures, et il sont également davantage sujets à l'oxydation que les acides gras insaturés : il est préférable de réserver l'huile de colza à l'assaisonnement et de la conserver au réfrigérateur après ouverture.
Le sous-produit de l'huile de colza (c'est-à-dire ce qu'il reste après extraction de l'huile contenue dans les graines), dit "tourteau" de colza, est très riche en protéines et il est utilisé comme aliment pour le bétail.
Il existe aussi des variétés de colza fourrager, cultivées non pour leurs graines, mais pour leur feuillage abondant et à croissance rapide utilisé pour nourrir le bétail, éventuellement sous forme ensilée.
L'huile de colza sert aussi à fabriquer des biocarburants (diester) ; ce débouché absorbe 60% de l'huile de colza produite en France. L'essor des biocarburants est d'ailleurs la cause de l'explosion des surfaces dédiées au colza, qui en France ont été multipliées par 3 en 30 ans.
Huile de colza, acide érucique et glucosinolates
Le colza, cultivé depuis le XVIIIe siècle en Europe du Nord, a longtemps été réservé à des usages non alimentaires : huile de combustion pour les lampes et de lubrification pour les moteurs à vapeur. L'huile de colza contient en effet, en tout cas pour les anciennes variétés cultivées, des taux importants d'acide érucique (un acide gras mono-insaturé de type oméga 9, présent dans les graines oléagineuses des Brassicacées), qui est un composé toxique pour l'homme et l'animal.
En outre, le colza contient, comme toutes les Brassicacées, des glucosinolates (hétérosides soufrés) responsables de la saveur légèrement amère ou piquante de la moutarde, du cresson, des radis, des choux, choux-fleurs... A petite dose, les glucosinolates ont des propriétés protectrices, mais à doses élevées, ils deviennent toxiques.
Pour utiliser le colza dans l'alimentation humaine et animale, il a donc fallu attendre le milieu des années 70 et la mise au point de variétés de colza "double zéro" ou "00", c'est-à-dire dépourvues d'acide érucique et à faible teneur en glucosinolates.
Colza cultivé et hybridations avec les Brassicacées sauvages
Les Brassicacées du genre Brassica ont tendance à s'hybrider entre elles, raison pour laquelle ce genre est si diversifié. Le colza cultivé s'hydride aussi (naturellement) avec différentes plantes sauvages de la famille des Brassicacées, notamment :
- Raphanus raphanistrum, la ravenelle,
- Sinapis arvensis, la moutarde des champs,
- Erucastrum gallicum (fausse roquette de France),
- Hirschfeldia incana (roquette bâtarde).
C'est l'une des raisons pour lesquelles la culture du colza OGM en plein champ est inquiétante aux yeux de certains, d'autant que le pollen de colza peut être transporté sur plusieurs kilomètres par les rafales de vent (menant à une pollinisation anémophile) et par les insectes pollinisateurs (et notamment les abeilles, à l'origine d'une pollinisation entomophile). Les hybridations sont donc possibles même à distance des zones de culture.
Intérêt de semer du colza au potager
Il n'y a pas qu'en matière de production agricole que le colza est intéressant ; au potager aussi !
- C'est une plante qui, grâce à son système racinaire pivotant, décompacte les sols et améliore leur structure.
- En raison de son cycle végétatif long, il assure une couverture du sol durant l'automne et l'hiver (lorsque les planches de culture dédiées aux légumes sont libres) et évite ainsi le lessivage et l'érosion par l'eau de pluie, ainsi que le développement d'adventices. En cela, le colza est un bon engrais vert, à faucher et réincorporer au sol en fin d'hiver (en tout cas avant qu'il produise des graines).
- Ses racines mobilisent l'azote du sol avant de le libérer au moment de leur décomposition.
- Enfin, sa floraison printanière est très mellifère : elle assure une source de nourriture aux abeilles qui élaborent grâce au nectar de colza un miel très clair et à la consistance pâteuse.
Semis et culture du colza au potager
Semez le colza en fin d'été (août/septembre). Il aime les sols plutôt frais, riches en azote, et les expositions ensoleillées. Il a besoin d'un hiver froid pour que sa floraison soit déclenchée mais rien ne vous empêche de le semer même sous climat doux si vous l'utilisez seulement en tant qu'engrais vert.
Dans votre plan de rotation des cultures au potager, évitez de semer du colza (ou de la moutarde) avant ou après une culture de Brassicacées (navets, choux, radis...) : deux cultures consécutives de Brassicacées favorisent les maladies et parasites propres à ces cultures (altises et maladies cryptogamiques notamment).
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