Un village sarde, ça se mérite. Après une heure de voiture sur une route sinueuse de montagne au départ de Bosa, trois villages se dessinent : Magomadas, Tresnuraghes et Tinnura. À l’entrée de ce dernier, un panneau sobre : « Il paese del arte (le village de l’art) ».

Le long de la voie principale de ce village de 300 habitants s’étend des dizaines de « murales », des fresques murales. Cette forme d’art est très connue sur l’île italienne : ces peintures sont peintes par des artistes locaux ou de passage et peuvent retracer des évènements politiques, des personnages historiques ou des scènes de la vie quotidienne.

À Tinnura, ils mettent l’agriculture et les traditions sardes en lumière : la fabrication du pain local, la tonte des moutons ou une récolte de blé… Au-delà du sens du détail, c’est avant tout les visages qui interpellent. Réalistes et émouvants, ils rappellent les hommes et les femmes qui constituent le monde rural d’hier et d’aujourd’hui. Le plus célèbre sur les réseaux sociaux semble être ce berger qui regarde le spectateur de ces yeux fatigués.

L’idée vient au départ de son maire, Giovanni Soro, qui souhaitait attirer le tourisme dans cette zone rurale et montagneuse. Une bonne idée mais qui reste assez méconnue : le nombre de touristes semble faible. Pas de plan ni de tracé défini, les fresques se laissent doucement découvrir à pied, sous le soleil sarde, dans l’ordre souhaité.

Des artistes se rendent sur place chaque année pour ajouter leurs talents aux murs du village. De nombreuses œuvres sont signées de Pinna Monne, une muraliste célèbre sur l’île et résidant à Tinnura. Loin d’un héritage froid, le pastoralisme est une pratique qui reste très ancrée dans le territoire : la Sardaigne compte la moitié du cheptel ovin de l’Italie soit plus de trois millions d’animaux.